Réflexion de Mark Weiss, escort-boy: "Suis-je un homme qu'on utilise ?"

Cher journal,

Aujourd'hui je partage avec toi un témoignage rare: celui d'un escort auprès d'une clientèle féminine. J'ai été très touchée par le soin qu'il met à se former et à s'informer sur les sujets liés à l'intime afin que ses clientes puissent pleinement profiter d'une rencontre sexuelle les mettant au centre du jeu. 

En tant que femme (et pas juste comme travailleuses du sexe), je mesure le poids des charges immatérielles (mentales, émotionnelles, sexuelles, parentales etc.) qui pèsent sur les personnes de mon genre et ça fait un bien fou de voir qu'il y a des espaces possibles où pouvoir laisser ces responsabilités à quelqu'un d'autre pour quelques heures. J'ai d'ailleurs plusieurs fois envisagé d'aller voir un escort mais je n'ai jusque là pas trouvé d'homme m'inspirant suffisamment pour passer le pas... Ca pourrait bien changer avec ce fameux Mark Weiss: promis, si je saute le pas je te raconterai tout !

" Il y a peu, j’ai reçu un message d’une femme qui me disait être tentée de faire appel à mes services, mais se sentait gênée de « m’utiliser ». Cette remarque n’a pas manqué de me décocher un sourire. D’une part parce que je suis touché quand je vois de la bienveillance dans les comportements de mes semblables, mais surtout parce que ce genre de questions ne se posent pas lorsqu’il s’agit d’engager un maçon, un jardinier, un ostéopathe ou tout autre prestataire de service.

Alors pourquoi un tel questionnement lorsqu’il s’agit de faire appel à une personne pratiquant le travail du sexe ?

Pour rappel, nous (les TDS), ne vendons pas notre corps, mais une prestation, qui va bien au-delà d’une simple mise à disposition de notre enveloppe charnelle.

 Quand je ne suis pas avec une cliente, je passe du temps à étudier, à me documenter. J’écoute des podcastes sur la sexualité, le couple, l’amour ( Au passage, je vous recommande l’excellent travail de Victoire Tuaillon « Les Couilles sur la Table » ainsi que « Le Cœur sur la Table »). Je suis abonné à divers comptes de sexo sur Instagramm, et suis des conférences d’Esther Perel. Je lis également beaucoup sur le sujet. Prendre soin de moi, physiquement et mentalement est également important pour cette activité afin de pouvoir prendre soin de mes clientes. En effet, comment être disponible à l’autre, à l’écoute et dans l’empathie, si je ne suis pas bien avec moi-même.

Lorsque je suis avec une cliente, mon mandat consiste également à prendre en charge toute la charge mentale liée à une rencontre. Je suis le garant du temps, de l’aspect logistique (bougies, encens, vêtements, etc…) et de la relation. Pour cela, j’ai développé de bonnes compétences de communication relationnelle, d’écoute et d’empathie.

Il m’arrive aussi de devoir recommander des hôtels, voire organiser des activités et des escapades. Il arrive que je me mue en véritable agent de voyage…

Un autre aspect de mon activité consiste à gérer toute sa partie administrative. En Suisse, la prostitution n’est légale que si elle est pratiquée de manière indépendante. C’est-à-dire que j’ai le statut d’indépendant. Je suis donc responsable de ma comptabilité, la promotion de mes services, la gestion de mes réseaux sociaux, le maintien de mon site web et tant d’autres choses. 

Ce sont tout ce temps et ces compétences que vous rétribuez quand vous faites appel à mes services, et c’est à ce prix que je peux vous offrir des prestations que qualité et vous garantir que vous ne m’utilisez pas !"